Combat de carnaval et de Carême: Pieter Brueghel.
Les fêtes au moyen âge occupent une place importante dans la vie sociale de l’époque. Elles rythment les saisons et régulent une vie sociale laborieuse. En effet en ces temps de guerres et d’épidémies causant pauvretés et famines, les fêtes vont être le moyen pour les plus pauvres d’oublier un moment la précarité de la vie de l’époque. Ne retrouve ton pas d’ailleurs aujourd’hui en ces temps de doute se même engouement pour ses fêtes à consonances médiévales. Nous pouvons constater que le public et les adeptes de réjouissances festives et exutoires sont de plus en plus nombreux et exercent ce besoin au travers des divers associations et confréries qui se livrent à une véritable résistance pour ne pas voir disparaître ce lien social qu’est la fête. A l’époque les plus riches se livrent également à de nombreux divertissements d’une toute autre nature liés à leur rang: Tournois, joutes, repas agrémentés par bateleurs et troubadours. Ainsi chacun exprime le besoin de se divertir afin d’exorciser au mieux les peurs, superstitions et croyances de l’époque. Les fêtes païennes se mêlent aux divertissement féodales et aux fêtes religieuses.Vont se dérouler dans les châteaux, sur la place publique, jusque dans les églises des fêtes des plus étranges issues de l’héritage antique et qui vont perdurer pour la plupart aux travers des siècles. Certes le christianisme va exercer une régulation de ses manifestations afin de canaliser et éviter trop débordements qui apparaissent comme une menace pour l’ordre publique et religieux. Mais le besoin ancestral de s’exprimer au travers la fête aura raison des diverses recommandations de l’église et l’on trouve encore aujourd’hui des manifestations dont l’origine est issue de cette époque.
Parmi les nombreuses fêtes médiévales, il en est certaines qui méritent à être connue pour leur caractère grivois et contestataire du pouvoir établi. Même si ces célébrations s’opèrent sous l’égide de la chrétienté.
Fête des fous :Au Moyen Âge, la fête des fous et la fête de l’âne sont très populaires. La fête des fous était célébrée le jour de Noël le 25 décembre, ou le jour de l’An ou de l’Épiphanie. Elle rappelle les Saturnales romaine sous l’antiquité. C’était un temps de liberté où les domestiques devenaient les maîtres et les maîtres les domestiques. En cette seule journée, les valeurs établies de la société étaient renversées et la religion était tournée en dérision.
« Dans l’octave de Noël ou à l’épiphanie, selon les régions, la célébration de l’office divin donnait lieu à un véritable carnaval. Les diacres,les sous diacres,les enfants de chœur,le visage barbouillé de suie ou couvert de masques grotesques, s’exhibaient sous les déguisements les plus invraisemblables : on en voyait plusieurs travestis en femmes, d’autres en costume de fol, portant coqueluchon à grelots et la marotte, d’autres vêtus d’oripeaux de théâtre. Ce jour-là, les fidèles se pressaient en foule pour voir clergé officier »publiquement et solennellement »au milieu de chienlit générale.Au cours de la messe, on procédait à l’élection de l’évêque des fous (ou du pape des fous, dans les églises relevant directement du Saint-siège).C’était d’ordinaire quelque gueux que l’on sacrait en grande pompe, en le revêtant des ornements épiscopaux. Une intronisé, le nouvel élu officiait « pontificalement » : mitre en tête et crosse à la main, il distribuait sa bénédiction solennelle au peuple. Le clergé l’introduisait ensuite dans le chœur, en dansant et en chantant des refrains paillards. Une foi à l’autel, on faisait ripaille de boudins et de saucisses sous le nez du prêtre célébrant ; on se servait de franches rasades de vin dans les ciboires ; on échangeait juron et blasphèmes ; on mêlait de grasses bouffonneries aux textes sacrés ; on jouait aux cartes et aux dés ;on se livrait à de plus graves licences encore que les contemporains ne précisent pas, mais que l’on imagine sans peine. L’usage voulait aussi que l’on fît brûler dans l’encensoir des morceaux de vielles savates, afin de répandre des odeurs puantes dans l’enceinte sacrée »…..
Extrait de : Le sceptre et la marotte (Histoire des fous de cour)MAURICE LEVER.(Fayard)
La Fête des fous dans le nord de la France (XIVe-XVIe siècles).
Fête de l’âne : Elle était célébrée dans certaines villes la veille de Noël ou au cours des secondes vêpres le 25 décembre : en souvenir de la fuite en Egypte, une jeune fille tenant un enfant dans ses bras pénétrait dans une église à dos d’âne. Pendant la messe, toutes les prières se terminaient alors par “hi-han”. L’Église a rapidement interdit ces célébrations qui prenaient un caractère obscène.
Âne mitré.Achivolte de l’église Saint-Pierre d’Aulnay(XIIe siécle).